«Notre partie du monde, appelée aujourd’hui Amérique latine, s’est prématurément consacrée à perdre depuis les temps lointains où les Européens de la Renaissance s’élancèrent sur l’Océan pour lui rentrer les dents dans la gorge.»
Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine
Quelques mots qui résument très bien le fil conducteur de ce livre qui, même s’il n’est plus très jeune, mérite qu’on lui consacre une ou plusieurs lectures. La Contre-Histoire de tous ces pays au Sud du nôtre, de « ces terres magnifiques qui pourraient offrir à tous ce qu’elles refusent à presque tous ». Depuis qu’un certain professeur d’anthropologie du Cégep de Sainte-Foy a confié ce vieux bouquin à son stagiaire pour son voyage au Pérou et que ce même stagiaire l’a mis entre mes mains avant de repartir au Nord, Eduardo Galeano me raconte le drame de son continent. C’est un livre de voyage incroyable que je vous conseille de lire où que vous soyez.
Livre de voyage, peut-être, mais depuis une semaine je le lis de façon très sédentaire. Lundi dernier, arrivé à Arequipa (sud du Pérou) depuis quelques jours, j’ai commencé des cours d’espagnol à raison de quatre heures par jour, cinq jours par semaine. Cette escale était totalement imprévue mais, malgré une progression assez intéressante de mon niveau d’espagnol en seulement trois semaines de voyage, j’ai senti que la valeur des mois à venir serait décuplée si j’apprenais comment accorder le verbe « voyager » au passé (et au futur, bien sûr). J’ai donc déposé mon sac à dos dans une belle petite chambre de la belle petite école de castillan/école de cuisine/hôtel « La Casa de Avila », au centre d’Arequipa, deuxième plus grande ville du Pérou.
Mais bon, avant de me rasseoir sur les bancs d’école (qui sont ici des chaises et des tables de bois au milieu d’un jardin ensoleillé), je me suis quand même promené un peu. Deux jours de plus à l’oasis de Huacachina m’ont permis de pratiquer mes talents incontestables de surfeur sur sable et de lecteur sur hamac, avec en prime une virée à Ica en moto-taxi. Le 16 juin, après quelques heures d’attente dans un terminal de bus de Ica, bien diverti par Andy, une petite péruvienne vendeuse de chocolat complètement hyperactive et débordant d’affection, je suis parti vers le Sud en bus de nuit, service économique (c’est à dire sans services). Il faut dire que mon bus précédent entre Cusco et Ica m’avait un peu découragé des « services », avec son déjeuner constitué de six délicieux biscuits soda…
Le service économique fut un bon choix semble-t-il, puisque j’ai pû manger mon propre déjeuner tout en écoutant avec un grand intérêt le discours d’un vendeur ambulant, sans même bouger de mon siège. Saviez-vous que la Maca est un aliment miracle, qui aide les étudiants à se concentrer, augmente la fertilité, est un viagra naturel, réduit les inconvénients de la ménopause, donne de l’énergie et élimine le stress ? Génial !
J’ai choisi une bonne journée pour arriver à Arequipa, puisque toute la ville célébrait la « Fête de la musique », avec de multiples activités organisées par l’Alliance Française. Ainsi, en passant par la Plaza de Armas en après-midi, j’ai été témoin d’un long défilé de groupes scolaires en costumes, avec fanfares et confettis. Le soir, je me suis retrouvé dans la cour centrale de l’Alliance Française, devant une scène ou se succédaient les groupes locaux. De surprise en surprise, j’ai eu droit à la musique hindoue d’un groupe Hare Krishna, suivi d’un big-band, puis d’un groupe de jazz fusion (qui a trouvé le moyen de se faire couper les amplis après avoir tenté un rappel sans demande du public) et finalement un hommage à la chanson française avec une interprétation locale de Céline Dion et Édith Piaf !
Et ce n’était même pas tout… Il y avait des spectacles un peu partout dans la ville, avec tous les marchands et opportunistes divers qui essaient de profiter de l’occasion pour se faire quelques sous. Parmi les opportunistes, un groupe génial de saltimbanques, jongleurs, clowns et acrobates du Chili, de l’Argentine et de l’Afrique qui offraient leur spectacle sur la Plaza de Armas. Je me suis endormi avec un sourire contenté ce soir-là. Comme je suis encore à Arequipa pour une semaine, je raconterai ma visite du Canyon de Colca, mon train-train quotidien et ma Saint-Jean bien arrosée dans le prochain épisode…
Commentaires
Une réponse à “Veines ouvertes, miracles de la Maca et Fête de la musique”
Très beau blogue Moise, tes photos et tes textes sont sensas
SAM
(qui était avec toi en francais4, le seul gars qui connaissait HOLY GRAIL!)