Ce texte a été publié dans le journal Potlach des étudiantes et édutiants en anthropologie de l’Université Laval en 2006. Il a été archivé ici le 30 mai 2013.
L’étude de l’anthropologie sociale et culturelle nous amène assez rapidement à développer des allergies. Certains mots, concepts et expressions nous font tiquer, froncer les sourcils, frissonner. Nous devenons incapables d’entendre parler de «race noire» ou de «pays sous-développés» sans qu’un spasme nerveux ne nous atteigne droit au cerveau.
Par un heureux hasard, une vieille copie d’un livre intitulé Les races humaines, publié en 1955 en France par la Librairie Hachette, m’est tombé entre les mains récemment. La lecture de cet ouvrage généreusement illustré équivaut à un bon rhume des foins pour anthropologues. Je vous en livre ici quelques extraits choisis, des plus intéressants. Gardez votre EpiPen à portée de main.
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«L’origine du mot race est encore inconnue, mais ce mot existe dans toutes les langues.» (p.5)
«Les trois phénomènes énumérés ci-dessus nous amènent à la notion capitale de l’ancienneté du mélange des races et à une définition beaucoup plus complète et plus compréhensive des races que la définition purement anthropologique et fondée exclusivement sur l’étude des squelettes par laquelle nous avons forcément débuté. Il n’y a plus de race humaine pure, mais seulement des races mélangées, dans des proportions très variables d’ailleurs. À la notion de race pure se substitue la notion de race-résultat. On appelle race-résultat l’ensemble d’une population dont les caractères psychologiques latents ou manifestes (langue en particulier) et les traits anthropobiologiques constituent dans le temps (histoire) une unité distincte.» (p.7)
«Les mélanges s’étant produits de la façon la plus aventureuse n’ont pas toujours donné des résultats excellents; d’autant que plusieurs mélanges étrangers avec une seule et même race primordiale peuvent avoir eu lieu à peu près simultanément. Cependant, il reste souvent une proportion suffisante des mélangés pour permettre de caractériser leur race. C’est donc, naturellement, de l’observation de ceux-ci qu’on dégagera les caractères raciaux.[…] La couleur de la peau est une qualité essentiellement héréditaire qui se conjugue avec les traits de la face. Tous les éleveurs savent comment il faut croiser les races animales pour donner au pelage une tache noire ou une tache blanche, par exemple, et ce à une place déterminée. […] C’est la couleur qui a servi de base à toutes les classifications de l’homme, d’où: race blanche, race jaune, race noire, Peaux Rouges, avec des rameaux secondaires. Les Blancs vont du blanc rosé au blanc basané; les Noirs, du gris café au lait au noir encre de Chine; les Jaunes, du jaune pâle au jaune ocre; les Rouges, du cuivré à l’ocre rouge ou à la terre de Sienne. […] Les cheveux raides sont ceux des Jaunes, lisses et souples ils appartiennent aux Blancs, crépus et courts, aux Noirs. […] Les différences raciales s’accusent aussi dans les organes internes. Le foie et la rate sont plus gros et lourds chez les Blancs, plus petits chez les Noirs, de même que le cerveau. L’intestin grêle est plus long chez les Jaunes et plus court chez les Blancs; l’appendice plus long et plus fort chez les Noirs; la glande thyroïde est plus volumineuse chez les Blancs que chez les Noirs, etc. […] Les caractères biologiques des races, dont l’étude a été longtemps négligée, n’ont pratiquement été étudiés qu’en 1917 à l’armée d’Orient; ils sont aussi importants que les caractères anthropologiques, voire davantage parce que l’un deux, le sang, possède seul le caractère de fixité que n’a aucun des précédents.» (pp. 8-12)
«À tous ces caractères s’ajoutent encore d’autres différences raciales, telles que : la fragilité pulonaire des Noirs, leur immunité à certaines infections […], leur puissance sexuelle et leur fécondité. […] Une géographie des maladies mentales est en train de naître depuis 1905. La folie maniaque serait plus occidentale et les psychopathies délirantes plus orientales.[…] Les Noirs des U.S.A présentent une anémie spéciale. L’anémie pernicieuse est plus fréquente chez les Irlandais, les Écossais, les Canadiens et moins chez les Sémites et les Slaves, presque nulle chez les Noirs. […] Les éléments démographiques des États-Unis ne constituant pas une population homogène, l’étude des rapports entre la psychologie et la criminologie, vue sous l’angle racial, y a été facile. Les statistiques officielles portant sur les années 1915 à 1929 montrent la prédominance des délits et des crimes parmi les éléments exotiques riches en sang B.» (pp. 14-15)
«De l’autre côté de la terre, les Peaux-Rouges d’Amérique sont restés inconnus des Européens jusqu’au XVe siècle. Leur contact avec les Européens a été le signal de leur destruction presque totale dans l’Amérique du Nord, tandis que les Amériques devenaient terres de colonisation pour les Blancs d’Occident et le siège des mélanges raciaux les plus sujets à caution pour l’Avenir des Blancs imprudents et irréfléchis.» (p.17)
«La psychologie est le trait dominant de la race comme de l’individu. Il est fixe toute la vie, comme le sang, et rien, en dépit de toutes les affirmations contraires, n’a fait ni ne fera qu’un Jaune ne pense comme un Blanc ou un Noir. C’est justement là que les croisements raciaux mal choisis causent le plus de mal, car ils créent l’Instabilité psychique: ils ne modifient pas la psychologie originelle, ils la défigurent tout comme le croisement d’un bélier avec une brebis mal choisie donne un mouton de faciès décousu. La psychologie native tend à la constance, le choc des hérédités dans le subsconcient d’un même sujet le désoriente, en fait un dévoyé, un déconcerté, pour toute sa vie et celle de ses descendants. Pour qu’une race-résultat reste elle-même, il faut qu’elle demeure homogène, ou que les croisements soient l’objet d’un choix très judicieux.» (p.18-19)
«Races fabriquées: C’est de l’observation de ces faits qu’est née l’idée de «faire» des races-résultats humaines, c’est à dire de choisir telle ou telle race pour ses qualités et de la croiser, nombre pour nombre, avec telle autre également de haute valeur. […] Exemples de races-résultats contemporaines: De 1958 à 1830, il s’est formé une race-résultat qui a parfaitement réussi parce que toutes les conditions historiques, biologiques et psychologiques étaient réalisées à la perfection: la race-résultat hollandaise. L’immigration de 50 000 Français au moment de la révocation de l’édit de Nantes y a contribué. […] On peut citer encore la race canadienne française, et il n’est pas douteux que la psychologie des Franco-Européens d’Alger ne porte déjà une marque déjà une marque personnelle. […] Dégradation d’une race: Malheureusement, tous les mélanges humaines ne sont pas aussi heureusement dirigés. Ils s’opèrent à l’aventure, au gré de la fantaisie, du hasard, des passions. Les résultats sont déplorables. L’exemple le plus frappant est celui des Touareg du Sahara. Ils ont deux formules sanguines, celle des Touareg nobles et celle des Touareg imrad. Les Touareg nobles sont ceux qui, n’ayant pas épousé de Négresses, n’ont pas eu d’enfants métis et conservent la tradition. Les Touareg imrad sont ceux qui ont subi ou recherché le croisement nègre. […] Lorsque les mauvais croisements sont massifs, la chute biologique s’accompagne de la chute sociale et conduit à la catastrophe politique (diversité extrême des idées, émiettement des forces morales, culte des utopies, exaspération des passions, désordres, révolutions). C’est ce qui arriva en la république nègre d’Haïti, après le massacre des Français. […] Ne trouve-t-on pas chez les animaux des différences de caractère lorsque l’un des deux géniteurs n’a pas été bien choisi ? Il en va de même des mélanges humains.» (pp.21-24)
«Conclusion: Recul et expulsion des Blancs de la Grande Asie; en Asie Mineure, maintien et avance des Blancs asiatiques; en Europe, asiatisation des Slaves; en Afrique, développement rapide des Noirs. Dans le monde entier, augmentation considérable de la population, mais le Blanc occidental a perdu la suprématie. Lorsque deux races différentes se mélangent, c’est toujours au détriment de la meilleure. – Dr René MARTIAL.» (Conclusion)
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Nos allergies anthropologiques se réduisent-elles à une simple déformation professionnelle ? Cela serait surprenant, considérant dans ce cas la carrière du Dr René Martial (1873-1955), auteur des lignes citées plus haut. Devenu médecin en 1900, spécialisé en santé publique, le Dr Martial a été nommé directeur du bureau de l’hygiène de Douaï en 1908. Travaillant en immigration, il a établi un bureau de contrôle sanitaire des immigrants espagnols en France lors de la Première Guerre Mondiale puis est devenu directeur des services de santé publique à Fez, au Maroc. Alors qu’il enseignait le cours sur l’immigration à l’Institut Hygiénique de l’École de Médecine de Paris, il a publié en 1931 le Traité de l’immigration et de la greffe inter-raciale, et en 1934, La race française. Il a entre autres établi des critères de sélection des immigrants fondés sur les groupes sanguins. Ses propos furent réutilisés en 1939 lors de l’occupation allemande dans un opuscule intitulé La Grande Découverte – Les Juifs et le sang B… Alors qu’il se revendiquait à l’origine comme socialiste, on le reconnaît aujourd’hui comme un exemple du «racisme à la française».
Références:
René MARTIAL, 1955, Encyclopédie par l’image: Les races humaines, Librairie Hachette, Paris, 65 pages.
Benoît LARBIOU, 2005, René Martial, 1873-1955. De l’hygiénisme à la raciologie, une trajectoire possible, Revue Genèses, Berlin, pages 98 à 120.