Coupe forestière à Mont-Saint-Pierre

Cette page contient le film Trauma publié le 27 janvier 2025 ainsi que des albums photo et une revue de presse du dossier.
Dernière mise à jour le 19 mars 2025.

Trauma

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Janvier 2025. Une coupe forestière est en cours sur le terrain du camping municipal de Mont-Saint-Pierre, en Gaspésie. La machinerie lourde est à l’oeuvre jour et nuit depuis deux semaines. La population constate l’ampleur des coupes et essaie de comprendre ce qui se passe.

Ce site de camping était reconnu pour son intimité et son couvert forestier. Des gens qui y jouaient dans leur jeunesse le fréquentent encore avec leurs enfants. Des sentiers offraient aux gens du village et de la région un accès à la nature quatre saisons pour les marches, la raquette, le ski de fond et l’ornithologie. C’est ce qui ressemblait le plus à un parc municipal dans le coin. Des résidents entretenaient les sentiers de ski de fond bénévolement, les uns pour les autres.

Les primes d’assurances montaient pour la municipalité. L’entretien forestier avait été négligé depuis plusieurs années. Des arbres morts posaient un risque pour la sécurité. La municipalité a fait analyser la forêt par un ingénieur forestier, qui a soumis son rapport. La municipalité a ensuite demandé à une compagnie forestière du village voisin d’évaluer le nettoyage forestier à faire et s’ils pouvaient prendre le contrat, en leur laissant calculer la rentabilité avec le volume de bois à récolter, sans facturer. L’ingénieur forestier est le PDG de la compagnie forestière.

Aucun autre expert n’a été consulté. En-dehors d’un conseil municipal en février 2024 lors duquel le maire et la direction générale ont été autorisés à signer des ententes avec la compagnie forestière, il n’y a eu aucune forme de consultation publique, ni appel d’offres, ni recherche de solution alternative. L’écoforesterie, la santé des écosystèmes, l’impact sur l’attractivité du camping et les conséquences économiques et sociales pour le village n’ont pas été considérées.

Aux citoyens et citoyennes qui posaient des questions, on a dit que la coupe serait sélective, que l’expertise de la compagnie forestière assurait la qualité des travaux, que c’était une décision difficile mais que cette même compagnie allait reboiser, qu’on voulait rendre le camping plus beau, qu’une forêt doit être jardinée. En ce moment, ceux et celles qui vont constater l’état des lieux sur place en reviennent traumatisés, sous le choc, en deuil. La municipalité a donné une carte blanche pour une coupe à blanc. L’industrie appelle ça une CPRS, coupe avec protection de la régénération et des sols. Ça sera probablement suivi d’un passage au peigne forestier pour faire des andains et y mettre le feu, ou passer la matière au broyeur forestier.

Malgré les coupes qui continuent avec l’aval de la mairie, malgré la cicatrice sur le paysage, souhaitons qu’une restauration et un reboisement intelligent aient lieu, avec le soutien d’experts indépendants. Souhaitons que les touristes, amoureux et amoureuses de ce camping choisissent d’y revenir, par solidarité avec le village et peut-être, malgré la douleur, pour voir en face comment on coupe les forêts en Gaspésie en 2025. Souhaitons qu’à défaut de pouvoir revenir en arrière, cette situation serve d’apprentissage collectif.

Clairement, la valeur d’une forêt n’est pas la même pour ceux et celles qui la fréquentent et l’habitent que pour une compagnie forestière qui la coupe et la vend. Entre rapport affectif et santé collective d’un côté et économie à court terme et profit de l’autre, il y a un immense fossé. C’est d’une infinie tristesse. Ce deuil en cours nous fait comprendre de façon dramatique, tout près de nous, ce que les espèces non-humaines subissent à la grandeur de la Gaspésie quand on détruit leur milieu de vie.

Images et montage: Moïse Marcoux-Chabot
Musique: The Trauma of Loss – Miles Avida
Filmé à Mont-Saint-Pierre, 4 octobre 2024 et 25 janvier 2025

Photos de la forêt coupée

Août 2024

Octobre 2024

25 janvier 2025

29 janvier 2025

10 FÉVRIER 2025

Superficie coupée

Estimation de la superficie touchée par la coupe forestière à la fin de celle-ci, en date du 10 février: 26 hectares. Évaluation réalisée par Moïse Marcoux-Chabot à l’aide de photos aériennes et mesure effectuée avec Google Earth. Certains secteurs sont coupés à blanc alors que dans d’autres zones de coupe, des érables à sucre, des érables à épi et des petits conifères ont été laissés debout.